Patchs et Couleurs

Sources : posts ou écrits de B. Pasqualaggi dit Taz, essayeur reporteur moto - Blog Zolki - P.Pradel, co-fondateur du club Rapaces MC Trinité – Riton 66 du VIRF - Site Gang Enforcement OPS OMG – Vice Média

Les couleurs sont associées à une philosophie, un lieu géographique, une thématique particulière ou même une action menée. Le porteur n’en est que le dépositaire. Il devient le vecteur de ce qu’elles représentent et son comportement impacte l’image de la collectivité, de l’association ou du club dont il ceint les couleurs.

Les membres des clubs ou des associations ayant des couleurs peuvent ou non les porter, en fonction du "règlement interne". Ce dernier, tacite ou officiel, peu parfois faire l'objet de statuts déposés en préfecture.

Les couleurs peuvent mettre en évidence des corps d’état tels que l’armée (Bérets Verts Légion – Rapaces MC Trinité), les pompiers (Red Knights Motorcycle Club France 1), la police (Blue Knight International Law enforcement Motorcycle club – Arresting Souls).

Elles peuvent aussi émaner d’Organisations Non Gouvernementales (United Riders ONG) ou de marques commerciales (Norton – Triumph – Indian – Harley-Davidson), mais aussi d’associations défendant une cause (Bikers Against Abuse Child) ou dont les membres se réunissent simplement pour des manifestations festives, pour rouler, sans autre contrainte et perspective que le seul plaisir de partager de bons moments.

L’origine des couleurs n’est pas clairement définie dans la littérature spécialisée. Cependant, deux théories apparaissent assez cohérentes quant à leur apparition.

L’une met en exergue les concours organisés par l’Américan Motorcycle Association (A.M.A) chargée de la promotion de la moto aux U.S.A, dès 1924 (voir post Club & Biker). Les clubs les mieux représentés ou habillés (écussons, blasons, etc.) sont alors primés par un jury.

L’autre théorie implique les vétérans américains démobilisés après la seconde guerre mondiale, en mal des ressorts de la collectivité à laquelle ils appartenaient.

Ils retrouvent dans les groupes de motocyclistes la solidarité, un code particulier de l’honneur ou des us et coutumes se rapprochant des pratiques en vigueur dans leurs anciennes unités.

Ils y introduisent les couleurs, à l’instar du drapeau qu’ils ont salué à maintes reprises au nom des valeurs partagées par les combattants. Cette origine militaire est également suggérée par les galons qui figurent parfois sur les gilets.

Ces couleurs sont composées d’un unique, ou d’un ensemble de patchs graphiques, alphabétiques ou numériques, correspondant à des symboles identitaires, philosophiques ou sociaux cousus directement sur le blouson, ou sur un gilet. Plus rarement, les couleurs peuvent faire l’objet d’un tatouage.

Le gilet, également appelé battle jacket, battle vest, cut off (milieu musical), ou kutte (version allemande), est porté sur la veste ou le blouson, parfois directement sur le torse.

Quelquefois, des riders indépendants de toute association portent aussi un blouson ou un gilet bardé de patchs.

En général, ces patchs correspondent aux lieux, aux régions, aux pays parcourus en moto ou aux concentrations fréquentées.

On ne peut affirmer que ces ornements soient des couleurs, leur vocation est plutôt esthétique, ou le témoignage de l’activité kilométrique ou participative de leur propriétaire.

Que les patchs forment des couleurs ou non, ils peuvent être source de conflit. Notamment lorsqu’ils reproduisent des symboles que se sont déjà appropriés des clubs originaires d’outre-Atlantique (Hells Angels, Bandidos, etc.) et historiquement liés depuis leur création à des pratiques border line, voire illégales.

Les membres de ces groupes, n’obéissant qu’à leurs propres codes, peuvent générer pour le rider non initié des désagréments consistant au retrait immédiat et par la contrainte des couleurs contestées, ou éventuellement un épisode plus violent lorsque les esprits s’échauffent.

On dit généralement que les couleurs sur un patch unique sont celles des groupes de motards respectueux des lois. Les couleurs composées de plusieurs patchs appartiendraient aux clubs qui, à partir du milieu des années 1920, ont rejeté en bloc le diktat de l’A.M.A. qui impose ses règles aux motocyclistes américains.

Cette théorie ne se vérifie pas forcément, du moins dans notre Gaule d’aujourd’hui, compte tenu du nombre important de clubs au comportement irréprochable dont les couleurs comportent plusieurs patchs.

On peut noter que la forme incurvée des rockers reprend celle des culbuteurs d’un moteur.

Dans les clubs très hiérarchisés, les couleurs déterminent, selon leur complétude, le rang occupé au sein de la collectivité.

Ainsi, les prospects (postulants) portent uniquement le top-rocker et un patch indiquant l’implantation de leur chapitre.

Après évaluation concluante, ils peuvent ajouter le logo et devenir ainsi un Patch-Holder ou Full-Patch.

A l’image d’un uniforme en temps de guerre, les couleurs permettent aussi de reconnaître un environnement amis ou hostile. Notamment, pour les bikers affiliés à des clubs rivaux susceptibles de s’opposer violemment pour des questions hégémoniques. En 2015, la fusillade de Waco fait neuf morts, tous membres des Bandidos ou des Cossacks et la police procède à 192 arrestations.

Des patchs complémentaires sont parfois visibles sur le gilet. Le plus connu d’entre eux est le patch 1%, qui apparaît à l’issue des évènements d’Hollister, en 1947, (voir post « Biker & Clubs). A l’issue de cet épisode, un représentant de l’A.M.A. aurait déclaré que 99% des motocyclistes respectaient la loi et seulement 1% était hors la loi. Les clubs qui vont faire scission avec l’A.M.A. vont alors adopter ce patch.

Aujourd’hui, ce patch est même interdit dans certains états américains. De même, certains gérants de bar ou de restaurant voulant éviter des épisodes de violence interdisent aussi le port des couleurs (no weapons, no colors) au sein de leur établissement.

A contrario, des patchs témoignent d'un respect total de la loi.

Par opposition au patch 1 %, un patch 99 %, ou Citizen, positionne son porteur du bon côté de la loi. Aux Etats-Unis, cette mouvance est dite : Law enforcement motorcycle club.

Les couleurs bleue et blanche sont alors privilégiées par opposition aux couleurs noire, rouge, jaune, souvent utilisées par les clubs 1%.

Au delà de la signification des différentes couleurs ou patchs, j’aime particulièrement l’aspect esthétique qui peut s'en dégager.

Il n’en demeure pas moins que le choix des couleurs et des patchs doit toujours tenir compte des règles souvent non écrites du milieu des bikers, plus particulièrement celles des clubs très implantés et très impliqués dans la culture des bikers.

Votre cuir vous en remerciera !

Abréviations - Sigles

Ces abréviations ou sigles peuvent avoir des significations variables en fonction du groupe qui les adoptent. Cette liste n’est pas exhaustive.

13 : 13ème lettre de l'alphabet, « M » pour marijuana

22 : biker ayant fait de la prison

81 : 8ème et 1ère lettre de l'alphabet, H et A, pour Hells Angels ou club support

666 : symbolise Satan et désigne le groupe d’exécutants des missions musclées chez les Hells

ACAB : All Cops Are Bastards (tous les flics sont des salauds)

AOA : American Outlaws Association (patch triangulaire avec un doigt d'honneur)

A&R : Amitié et Respect

As de Pique : son porteur aurait commis un homicide pour son club

BACA : Bikers Against Child Abuse (défense de la cause des enfants abusés)

BFFB : Bandidos Forever Forever Bandidos

CCC : Custom Chopper Club (toutes marques)

DFFL : Dope Forever Forever Loaded (drogue toujours, toujours défoncé)

Eight Ball (boule de billard n° 8) : boule gagnante ou de la chance. Mais une autre version est fondée sur la phonétique car la prononciation de "eight" est proche de celle de "Hate", dans le sens de "détester les personnes de couleur". Une autre connotation à caractère sexuel existe également

FTW : Fuck The World, ou For The World (motards US chrétiens), ou encore Forever Two Wheels (deux Roues pour toujours)

ITCOB : I Took Care Of Business (j'ai réglé l'affaire) en général c'est le meurtre d'un membre d'un gang rival

L&R : Loyalty and Respect (fidélité et respect)

MC : Motorcycle Club (statuts déposés en préfecture – ou – club reconnu par les autres MC ou par les clubs 1%)

MCP : Moto Club Pirate (sans statuts déposés ou non déclaré)

MF : Motorcycle Family ou association de plusieurs clubs 1%

NO MERCY : « Pas de Pitié », signifie que le porteur fera tout pour ne pas se faire arrêter. Lors du siège de Fort Alamo, les troupes du général Santa Anna chantaient un air populaire mexicain : « No Mercy »

OBAB : Once Bandidos Always Bandidos

OFFO : Outlaws Forever Forever Outlaws

SS : initiales de Georges Smith et Stanley-Stankos, fabricants américains de pièces moteurs pour HARLEY, créateurs de SS Cycle Equipment, sans rapport avec le sigle nazi (sigle modifié pour éviter toute confusion)

SUPPORT : lorsqu'un club se dit support d'un MC 1%

Property of : tatouage ou patch porté par la compagne de longue date d’un membre de club sans en porter les couleurs

WINGS (ailes) : elles illustrent l’idée d’hégémonie de la race blanche, mais peuvent avoir également une très forte connotation sexuelle

WNATO : White Native Americans Only (blancs natifs d’Amérique seulement) dans certains clubs 1%

Le Svastika : (ressemblant à la croix gammée des nazis) est en réalité le symbole de la rotation repris dans différentes religions avec des significations diverses. 

Yfor 2018-10

Commentaire(s) du lecteur

Patoche - 08/01/2020 : "Bonjour, bel article, par contre tu as mis (United Riders MC), or les U.R sont une ONG et en aucun cas un MC. Merci si tu peux rectifier (United Riders ONG), c'est important. A&R"

Réponse MAC : Bonjour Paoche et merci pour ton intervention ! On a beau relire avent de poster, il y a toujours des coquilles qu trainent. En tout cas merci pour ton aide. Au plaisir..

Erik - 18/12/2018 : "Chapeau ! Complet et bien rédigé. J'apprécie de plus l'orthographe parfaite. Cela fait plaisir par rapport à ce qu'on lit d'habitude. Erik"

Réponse MAC : Merci pour ces encouragements à poursuivre..