Histoire de Indian Motorcycle 

Naissance d’Indian

En 1899, le suédois, Oscar Hedström (1871-1960), crée le 1er moteur Indian en s’inspirant d’un moteur fait par un français : De Dion Bouton. Ce moteur (un peu français quand même !) n’est pas conçu pour une moto, mais pour un tandem servant à l’entraînement des coureurs cyclistes sur piste. 

Plus tard, Hedström s’associe avec un américain, George Hendee (1866-1943), représentant en bicyclettes. De cette association nait, en 1901, leur première moto qu’ils appellent Indian. Elle s’écoule à près de 140 exemplaires en 1902, puis à 1200 unités en 1905.

Promotion par la compétition et l'innovation

En 1909, Billy Wells, un américain vivant en Angleterre décide d'y importer des Indian, dont il va démontrer les qualités par le biais de la compétition. Indian remporte tout d'abord en 1911 le Tourist-Trophy, qui se court sur l’île de Man, dans la catégorie Senior TT, avec le pilote britannique Oliver Godfrey.

La montée en puissance de la marque continue et afin d'honorer un défi lancé par les frères Collier, fondateurs de la marque Matchless, Jacob de Rosier, pilote Canadien de Indian, demande à la marque de lui préparer une moto spécifique. Indian sort alors un bicylindre de 994cc, à 4 soupapes par cylindre, ce qui est révolutionnaire pour l’époque. Sur la piste de Brooklands, Jacob de Rosier remporte le défi en établissant un record du mile parcouru à 140,70 km/h.

Départ des fondateurs

En 1913, Indian innove à nouveau en créant une suspension arrière à lames, ainsi qu'un démarreur électrique. Cette même année, la production est de 32 000 unités. 

Malheureusement, des évènements vont contribuer au départ des fondateurs de la marque. C’est d’abord le décès de Jacob de Rosier, lors d’une course en février 1913, qui affecte profondément Hedström qui démissionne. 

C’est ensuite la féroce concurrence avec Harley-Davidson qui pousse Hendee, peut en phase avec la logique financière des investisseurs, à démissionner à son tour en 1916.

L’essor mondial de la marque

 

La tendance du marché implique de produire plus puissant, pour moins cher. Indian sort alors la Powerplus, un bicylindre à 42°, à soupapes latérales, qui fait un tabac aux États-Unis et à l'étranger où elle est largement diffusée. La grande guerre apporte aussi sa contribution à la production de ce modèle, notamment l’armée qui passe commande de 41 000 unités.

En revanche, Indian ne connaît pas le même succès avec la O Light Twin, un bicylindre à plat longitudinal, pourtant plus légère et moins chère que sa grande sœur.

En 1920, la firme de Springfield rebondit et sort la Scout, un bicylindre en V de 600cc.

Elle établit son record de vente avec près de 40 000 motos et devient le n° 1 mondial. Deux ans plus tard, la marque est à son apogée avec des modèles de plus grosses cylindrées, les célèbres Chief, en 1 000cc et Big Chief, en 1 200cc.  

En 1927, Indian rachète la marque ACE, qui produit exclusivement des 4-cylindres en ligne, semi-culbutés et complète sa gamme avec le modèle Indian Four. Sa gamme s’étend alors du 350cc monocylindre au modèle 4 cylindres de 1 200cc.

La crise de 1929  

Le Krach de Wall-Street de 1929 met Indian à genoux. Sa production tombe à 4 500 unités et n’augmentera pas jusqu'en 1940, époque au cours de laquelle apparaît le fameux garde-boue à longue jupe typique de Indian.

La seconde guerre mondiale achève Indian

Durant cet épisode, Indian produit dans un premier temps la 741, dérivée de la Sport-Scout de 750cc. L’armée américaine demande pour son usage des modèles mieux adaptés, selon un cahier des charges exigeant notamment une transmission par cardan.

Indian se lance alors dans l'étude de la coûteuse 841, équipée d'un bicylindre en V longitudinal et oriente son activité exclusivement vers le domaine militaire. Même l'armée française commande 5000 side-cars qui ne seront jamais livrés car la France déposera les armes avant.

Des erreurs de gestion, d’orientation et un manque d’anticipation total font qu’à la fin de la guerre Indian n’est plus présente sur le marché civil. En plus, la marque se retrouve avec un stock important de pièces de rechange commandées par l'armée, que cette dernière refuse de lui payer. Pour couronner le tout, Harley-Davidson qui n’a jamais abandonné la production de ses motos à destination du secteur civil l’a supplantée chez ses distributeurs.

1953 - Dépôt de bilan   

En 1948, Indian tente de se relancer par la production de modèles de faibles cylindrées. Ainsi apparaissent un monocylindre de 220cc, la Arrow, puis un bicylindre vertical de 440cc, une Scout et enfin la Warrior 500cc (ci-dessous).

Peu fiables et hors tendance, les modèles puissants sont à l’époque plus demandés. Les productions décalées précipitent le déclin de la marque qui dépose le bilan. A partir de 1955, malgré quelques rachats destinés à relancer la marque, cette dernière reste au point mort. 

La reprise

En 2004, la société Stellican Limited, spécialisée dans la relance de marques anciennes, rachète la société de Springfield. En 2006, Indian Motorcycle Company quitte son berceau historique pour s’installer à Kings Mountain, en Caroline du Nord, où elle relance la production de luxueux modèles.  

En avril 2011, la société devient une filiale de Polaris Industries qui vient de lancer la marque Victory. Les efforts de promotion faits pour Indian vont pérenniser l’essor de la marque à la tête d’indien, vraisemblablement au détriment de Victory pour laquelle Polaris ne témoigne plus autant d'intérêt et arrête la production début 2017.

Aujourd’hui 

 

 

L’activité de Indian progresse et grappille des parts de marché à son concurrent historique Harley-Davidson, leader incontestable du secteur. La croissance de Indian est importante grâce aux investissements faramineux réalisés depuis 2011, notamment pour le développement d'un tout nouveau moteur en 2013. Indian est donc une marque rentable (30 000 ventes aux Etats-Unis).

Son unité de production maintenant installée à Spirit Lake (Iowa) pourrait bientôt ne pas fabriquer que des customs. La Scout FTR 750 dévoilée à Sturgis est conçue pour disputer des courses de flat-track et titiller la  XG 750 R de chez la maison d'en face Harley-Davidson. Elle servira à coup sûr de modèle pour une prochaine moto de série, sans oublier le nouveau Ride Command qui permet de voyager tout confort (par contre esthétiquement parlant !).

Yfor 2018-09