Rouler en inter-files


Rouler en inter-files, c’est se déplacer sur une voie fictive entre deux files ayant le même sens de circulation. Qui peut le faire ? Avec quel véhicule ? De quelle façon ?

1ère phase : un texte paru au journal officiel du 26 décembre 2015 autorise l’inter-files. Il s’agit du décret n° 2015-1750 du 23 décembre 2015 portant expérimentation de la circulation inter-files. L’expérimentation, qui commence le 1er février 2016, doit initialement se terminer le 31 janvier 2020, mais elle est prolongée jusqu'au 31 janvier 2021 avant de prendre fin.

 

2ème phase : le décret n° 2021-993 du 28 juillet 2021 paraît au journal officiel de la République Française (n°0175 du 30 juillet 2021). Il renouvele l'expérimentation du 2 août 2021 au 1er août 2024, avec possibilité de prolongement d'un an. Il introduit également quelques modifications par rapport au texte précédent.

 

3ème phase : l'arrêté du 27 décembre 2021, publié au JO du 5 janvier 2022, intègre la circulation inter-files à la formation au permis moto. 

 

 

Extraits

 

Publics concernés : conducteurs de véhicules de catégorie L3e et L5e d'une largeur d'un mètre maximum. 

Objet : expérimentation de la circulation inter-files sur les autoroutes et les voies à caractéristiques autoroutières des départements de la région Ile-de-France..

 


Commentaires


Les véhicules de catégorie L3e sont les motocycles à deux roues. Les véhicules de catégorie L5e sont les véhicules de trois roues symétriques, équipés d'un moteur d'une cylindrée supérieure à 50 cm3. Leur poids à vide n’excède pas 1 000 kilogrammes, la charge utile n’excède pas 1 500 kilogrammes pour les tricycles destinés au transport de marchandises et 300 kilogrammes pour les tricycles destinés au transport de personnes.

La notice du décret précise aussi des points qui n’apparaissent pas dans les articles de ce décret :


- l'inter-files n'est pas considéré comme un dépassement

- le périphérique parisien est inclus dans l’expérimentation

- les règles de la circulation inter-files sont intégrées à l'enseignement de la conduite de tout véhicule admis à circuler sur la voie publique.

 

Extrait du contenu du décret 


Le Premier ministre, sur le rapport du ministre de l'intérieur, etc. ..  décrète :

 

Article 1


A titre expérimental.. il est dérogé aux dispositions des articles R.412-9, R.412-23 et R.412-24 du code de la route afin d'autoriser, dans les conditions fixées par le présent décret, la circulation inter-files

Départements et agglomérations concernés par l'expérimentation lors de sa 1ère phase.

La phase 2 de l'expérimentation intègre par rapport à la carte ci-dessus les départements suivants : Haute-Garonne, Hérault, Isère, Loire-Atlantique, Nord, Var, Alpes-Maritimes, Drôme, Vaucluse, Pyrénées-Orientales.

Article 2



I. La circulation inter-files se caractérise par une circulation entre les files de véhicules situées sur les deux voies, ayant le même sens de circulation, les plus à gauche de la chaussée.



II. Elle est possible sur les autoroutes et les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d'au moins deux voies chacune, où la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, lorsqu'en raison de sa densité, la circulation s'y est établie en files ininterrompues sur toutes les voies autres que celles réservées, le cas échéant, à la circulation de certaines catégories particulières de véhicules ou d'usagers .

III. La circulation inter-files s'effectue dans le respect des conditions suivantes :


1 – L'espacement latéral entre les véhicules circulant dans les deux voies les plus à gauche d'une chaussée est suffisant


2 – Aucune des voies de circulation sur la chaussée n'est en travaux ou couverte de neige ou de verglas sur tout ou partie de sa surface


3 – Avant de circuler en inter-files, le conducteur avertit de son intention les autres usagers


4 – La vitesse des véhicules en inter-files est limitée à 50 km/h et ne doit pas dépasser de plus de 30 km/h celle des véhicules circulant sur les deux voies les plus à gauche (adaptation 2ème phase)


5 – Il est interdit à un véhicule en inter-files de dépasser un autre véhicule en inter-files


6 – Le conducteur en inter-files doit reprendre sa place dans le courant normal de la circulation, après avoir averti de son intention les autres usagers, lorsque les véhicules, sur au moins une des deux files, circulent à une vitesse supérieure à la sienne


7 – Une signalisation dans les zones concernées par l’expérimentation est mise en place (adaptation 2ème phase). 

Article 3

 

Le conducteur circulant en inter-files en contravention avec l'une des dispositions mentionnées aux articles précédents ne peut se prévaloir des dérogations aux règles du code de la route prévues à l'article 1er. Il est puni de l'amende et, le cas échéant, de la peine complémentaire ainsi que de la réduction du nombre de points du permis de conduire sanctionnant l'infraction correspondant à son comportement.

 

Article 5

 

L'expérimentation fait l'objet de rapports annuels d'évaluation. Le dernier est établi au plus tard trois mois avant la date prévue pour son terme.

 

 


En résumé

 

Rouler en inter-files n'est autorisé que dans quelques départements et pour une durée limitée. Ce sont les différents rapports d’évaluation qui détermineront sa généralisation ou son arrêt.

 

Attention, outre les conditions d'exercice déclinées précédemment :


- les garanties de votre assurance restent aléatoires en cas de problème, n’hésitez pas à contacter votre assureur à ce sujet

- l’interfilage n’est pas autorisé en ville

- cette pratique n’est pas considérée comme un dépassement, donc en cas de constat ne pas cocher la case correspondant au dépassement.

 

Enfin, la signalisation spécifique et les règles de conduite à l'interfile sont enseignées dans le cadre de l'apprentissage aux permis A, A1 et A2, avec une phase pratique dans les 21 départements où l'expérimentation est en cours.

Statistiques

 

La mutuelle des motards, en 2012, a fait des statistiques sur 150 dossiers d’accident impliquant des motards roulant en inter-files. Il en résulte un visuel sur les zones d’impact et sur les causes d’accident que chacun appréciera (ou pas !)

En termes de responsabilité :


-    dans 71,3 % des cas le motard incriminé n’est pas responsable

-    dans 12,4% des cas, il est partiellement responsable

-    dans 16,3 % des cas, il est entièrement responsable

Yfor 2022-01