La région de Mont-Dore

 

 

A la fin du mois de mai 2018, le pays des volcans et ses routes sinueuses sont idéals pour dérouiller sa mobylette, au sortir d’une longue période hivernale prolongée par d'incessantes pluies.

 

Nous partons donc de Paris pour Laqueuille, petite bourgade située à quelques encablures de La Bourboule.

C’est la nationale 7 qui nous sert de rail pour rejoindre notre lieu de villégiature.



Le GPS, programmé sur les options « parcours le plus rapide » et « sans péage », nous propose une alternance on ne peut plus agréable de portions autoroutières et de routes nationales.



Les quelques 450 km sont avalés en neuf heures, toutes pauses physiologiques et gastronomiques comprises, sans lassitude et surtout sans pluie.



Certains rêvent de la route 66, je leur conseille de commencer par la RN7, c’est plus vert et plus viroleux.

Laqueuille



Notre lieu de résidence, une maison d’hôtes, est fraîchement refait et tenu par un couple originaire de Bruges.

Le soir, la maîtresse de maison dresse la table et cuisine merveilleusement bien, utilisant des produits bio. et locaux.

Dans l’environnement quelques invités originaux sont intrigués par notre présence.

Le premier jour



Le programme est ambitieux avec une petite visite de la chaîne du Sancy.



Ensuite, c'est le Lac Pavin qui est prévu pour la baignade.

Bon ! Nous nous contenterons de déjeuner compte tenu de la fraîcheur de l'eau.



Enfin, un brin de culture ne faisant de mal à personne, nous terminons par le château de Murol.

Le puy de Sancy

 

 

C’est lorsque tu arrives au pied du Sancy, par la D 983, que tu prends alors conscience de la différence entre un puits et un puy. Notre puy est le point culminant du Massif Central, à 1886 m d'altitude, et le plus haut volcan de l’hexagone. Puits et puy se prononcent de la même façon mais ne nécessitent pas le même équipement pour les appréhender.

 

Ce jour-là, nous avons fait preuve de courage. Enfin, un tout petit peu, car nous sommes arrivés sur le versant le plus facile en moto et nous avons pris le téléphérique.

 

Mais en haut, une fois le défibrilateur cardiaque et l’oxygène dans le sac, nous avons gravi les quelques 900 marches pour arriver au sommet. Et là, quelle vue sur les splendides montagnes du Puy-de-Dôme ! 

Le puy de Sancy est un sommet avec de fortes pentes et de nombreuses arêtes édentées.



Il est accessible par quatre vallées et glaciers : Chaudefour (Nord-Est); Fontaine salée (Sud); Dordogne (Nord); Biche (Ouest).



Deux des ruisseaux qui prennent leur source sur ses flancs : la Dore et la Dogne se réunissent pour donner naissance à la Dordogne.

De son activité volcanique subsistent des sources d'eau ferrugineuse si chères à Bourvil et autres minéraux, qui remontent à la surface également chargées de gaz.



C'est le cas de la source de la vallée de Chaudefour ou les sources thermales du Mont-Dore et de La Bourboule.



On peut aussi y apercevoir des chamois, des mouflons et des marmottes. Sa flore est également très riche, avec des espèces alpines qui sont très rares dans le Massif central.

Le lac Pavin

 

 

A quelques kilomètres du puy de Sancy se trouve le lac Pavin, à proximité de Besse-en-Chandesse. Perché à 1197 m d’altitude, il est profond de 92 m et s’étale sur 44 hectares.

C’est un lac méromictique. Rassurez-vous, ce n’est pas contagieux !

Cela veut tout simplement dire que ses eaux profondes (les 30 derniers m.) se mélangent moins d’une fois par an avec celles de surface (de 0 à 60 m).

Son nom lui vient du latin Pavens signifiant épouvantable.



C’est un petit jeunot de moins de 7000 ans, né de la rencontre d’une montée de lave du puy Montchal et d’une nappe phréatique.



L’eau au contact de la lave en fusion s’est transformée en vapeur, créant une très forte explosion et la formation du cratère qui se remplira ensuite d’eau pour former le lac.

Bon, c’est bien beau tout ça, mais la tectonique des plaques ne nourrit pas son homme et nous on a faim !



Une fois les motos garées et cela n’est pas gagné du fait de la fréquentation du lieu, vous avez le choix entre un restaurant gastronomique et une brasserie.



Nous prenons la terrasse de la brasserie pour le soleil.

Sur les conseils de mon pote LB, je commande la spécialité locale que je vous recommande tout particulièrement : l’Omble Chevalier.



C’est un poisson d’eau douce à la chair délicate. Servi avec de petits légumes, ça vaut le détour !

Un coup de soleil après et avant de reprendre la route, nous prenons le temps de faire le tour de la mare en guise de promenade digestive, ce qui nous prend environ 40 minutes (la petite suivait difficilement !).

 

Nous partons ensuite au château de Murol.  




Château de Murol 

 

 

En 1100, les seigneurs de Chambre et de Murol font construire une forteresse sur un promontoire basaltique (volcanique), position stratégique au carrefour de trois routes importantes. 

C’est Guillaume de Sam, baron de Murol, qui termine la forteresse intérieure.


Au 15ème siècle, le château passe dans l’escarcelle de la puissante famille d’Estaing (vive les beaux mariages !).


Paré d’une vaste enceinte flanquée de tours au 16ème siècle, il survit à la politique de Richelieu en raison de la faveur des Estaing à la cour.


Par la suite, il devient une prison et un repaire de brigands lors de la Révolution.


Au 19ème siècle, il tombe en ruine. C’est son classement aux Monuments Historiques, au 20ème siècle, qui permet d’entamer sa restauration.


La commune de Murol en est aujourd’hui propriétaire.

Laissez-moi vous conter l’histoire de cette magnifique et délicate invention destinée aux innocents, coupables d'avoir avoué leurs méfaits sous la torture.



Ils sont alors enfermés dans une cage suspendue, dans laquelle ils ne peuvent s’asseoir, bénéficiant d’une exposition plein Sud, mais sans crème solaire.



Une fois exténués, tombant d’inanition, d’insolation ou de froid, les corbeaux viennent alors délicatement picorer de petits bouts de chair en guise de festin.



Quelle merveilleuse justice !

Ceci dit la visite du château est très sympa, avec des reconstitutions de lieux, des scénettes en costumes d'époque et une visite libre ou guidée.

 

Nous y avons même croisé un nostalgique de chez Honda avec une superbe 360 Four.

Le deuxième jour



Au programme, le plateau de Gergovie et le village médiéval de Montpeyroux.



La pluie se joint à nous, dès le matin.



Ce n’est rien comparé à ce que nous réserve l’après-midi.

Le plateau de Gergovie

 

 

La plaine de Merdogne est située à proximité de Clermont-Ferrand. C'est là que Vercingétorix a résisté aux légions romaines, en 52 avant J.C.

 

Après, ça s’est mal terminé pour lui ! Il a dû jeter ses armes sur les pieds de César en signe de reddition à Alésia (source : Astérix et le bouclier Arverne). 

 

Le nom de Gergoia est usité dès le 10ème siècle. C’est après les fouilles de Napoléon III que le village de Merdogne est rebaptisé Gergovie.

Par la suite, d'autres fouilles en 1995-1996 et de nouvelles découvertes ont permis de confirmer la présence d'un camp militaire romain et d'identifier les lieux comme le théâtre de la bataille de Gergovie, au printemps de l'an 52 avant notre ère.



Le plateau de Gergovie est situé à 744 mètres d'altitude à 10 km, un peu au-dessus du village de Gergovie.



Il est un excellent point de vue sur la chaîne des puys, Clermont-Ferrand, la plaine de Sarliève et le puy de Sancy.

Un monument commémoratif en pierres de Volvic, de 26 mètres de haut, est érigé sur le site présumé de l'oppidum en 1903. Il est l'oeuvre de Jean Teillard, architecte de la ville de Clermont-Ferrand. 

 

En attendant l'ouverture de la Maison de Gergovie, vous pouvez toujours aller voir la stèle commémorant la visite de Napoléon III, le 9 juillet 1862. Elle est élevée le 27 juillet 1862, non loin du monument de Teillard. Quasiment détruite après la chute de l'Empire, elle est restaurée le 2 mai 1948.

 

Nous goûtons à la cuisine gauloise, dans le seul restaurant du site : La Hutte Gauloise.

Le repas est d’un bon rapport qualité / prix, mais j’ai largement préféré la brasserie du lac Pavin.  




Montpeyroux

 

 

A 20 km de Clermont-Ferrand, Montpeyroux (Monts Pierreux) est un ancien village vigneron. Ses maisons, faîtes avec de la pierre locale appelée arkose, sont construites autour d'un donjon, récemment restauré. La vue est imprenable sur la vallée de l'Allier.

Cette pierre blonde très résistante est utilisée dans la région pour la construction des maisons paysannes et des églises, notamment l'abbatiale d'Issoire, jusqu'au début du 20ème.



La commune est alors prospère, peuplée de carriers et surtout de vignerons. Mais, au milieu du 20ème siècle, la fermeture des carrières et la destruction du vignoble par le phylloxera et le mildiou entraînent son déclin et sa ruine.



Aujourd'hui, Montpeyroux connaît une seconde jeunesse grâce au tourisme.

Des artisans et des producteurs s’installent dans le bourg et attirent à nouveau les touristes grâce au désenclavement de l'autoroute.



Par ailleurs, le vignoble décimé en 1896 est en train de renaître grâce à de jeunes vignerons. Etendu sur 400 hectares, il bénéficie d'une AOC.



Ce village mérite un petit arrêt pour son architecture, sa porte médiévale du 14ème siècle, ses façades en pierres d'arkose et sa vue sur le Sancy.



Des atours et des atouts qui ont permis à ce bourg renaissant de rejoindre l'association des plus beaux villages de France.

Jusqu’à Montpeyroux, tout c’est à peu près bien passé côté ciel. Mais, arrivés dans la petite citée nous avons vraisemblablement fâché les dieux, peut être à cause de notre manque d’assiduité à confesse le dimanche matin, ou de nos pots d’échappement qui ont subi une ablation de chicane, je ne sais pas !

 

A peine le temps de faire le tour des ateliers artisanaux, que des flaques d’eau nous tombent sur le casque. Nous nous réfugions alors dans l’un des cafés du bourg pour prendre un lait de chèvre et patienter.

 

Et là, merci au patron des lieux, accroc à la dynamique des fluides venteux et à la météo (très suivie dans le secteur par les amateurs de Montgolfières), qui nous informe que nous avons un créneau de 40 minutes pour regagner nos pénates avant que les dieux ne se fâchent à nouveau.


Cet homme est devin ! Il avait raison..

Les routes



Elles sont très agréables, on y balance la moto d’un côté à l’autre avec ravissement. Le réseau est très bien entretenu.



Seul bémol susceptible de tempérer la frénésie de votre poignet droit : les gravillons.

Quelques petites frayeurs, lorsque vous les découvrez en virage alors que vous êtes déjà sur l’angle.



Rassurez-vous, seules les petites routes sont concernées par ce type de piège.

En résumé 

 


Un bon weekend à faire au moins en 4 jours, si vous venez de loin bien sûr. Environ 1300 km parcourus, mais à un rythme qui n’a épuisé personne, sur d'excellentes routes la plupart du temps.

 

Cette région vous en met plein la vue par ses paysages, plein l’estomac avec une alimentation pour travailleurs de force. Les abords de Mont-Dore concentrent suffisamment de curiosités pour vous permettre des pauses moto agrémentées de visites et d'activités ludiques, car il faut aussi penser au passager. Si vous n’aimez pas le fromage, tant pis pour vous, si vous l'aimez vous êtes proche de Saint-Nectaire.

 

Nous reviendrons pour le Puy-de-Dôme, pour l’Indian Saloon de Riom et bien d’autres curiosités locales à visiter, goûter, gravir ou explorer, que nous n'avons pas eu le temps de voir ou de pratiquer.  

 

Pour le retour, compte tenu d’une météo incertaine, nous avons opté pour l’autoroute. Partis de Laqueuille à 8h00, nous étions à Paris à 14h00. 

Yfor 2018-05