Patchs et Couleurs

Les « couleurs » sont la représentation symbolique d’une philosophie, d’un lieu géographique, d’une entité thématique particulière ou même d’une action menée. De ce fait, le porteur n’en est que le dépositaire. Il devient le vecteur de ce qu’elles représentent et son comportement impacte l’image de la collectivité, de l’association ou du club auquel il adhère.

Les membres des clubs ou associations ayant des couleurs peuvent ou non les porter, en fonction du « règlement » interne, parfois des statuts officiels, propres à ces entités.




Ces couleurs peuvent mettre en évidence des corps d’état tels que l’armée (Bérets Verts Légion – Rapaces MC Trinité), les pompiers (Red Knights Motorcycle Club France 1), la police (Blue Knight International Law enforcement Motorcycle club – Arresting Souls).




Elles peuvent aussi émaner d’Organisations Non Gouvernementales (United Riders ONG) ou de marques (Norton – Triumph – Indian – Harley-Davidson), mais aussi d’associations défendant une cause (Bikers Against Abuse Child), ou dont les membres se réunissent simplement pour des manifestations festives, pour rouler sans autre contrainte et perspective que le seul plaisir de partager de bons moments.

L’origine des couleurs n’est pas clairement définie dans la « littérature spécialisée ». Cependant, deux théories apparaissent assez cohérentes quant à leur apparition.


L’une met en exergue les concours organisés par l’Américan Motorcycle Association (A.M.A) chargée de la promotion de la moto aux U.S.A, dès 1924 (voir post Club & Biker). Les clubs les mieux représentés ou habillés (écussons, blasons, etc.) sont alors primés par un jury.


L’autre théorie concerne les vétérans américains démobilisés après la seconde guerre mondiale, en mal des ressorts de la collectivité. Ils retrouvent dans les groupes de motocyclistes la solidarité, un code particulier de l’honneur, des us et coutumes se rapprochant des pratiques en vigueur dans leurs anciennes unités. Ils y introduisent les couleurs, à l’instar du drapeau qu’ils ont salué à maintes reprises au nom des valeurs partagées par les combattants. Cette origine militaire est également suggérée par les galons qui figurent parfois sur les gilets.  

Ces couleurs sont composées d’un unique, ou d’un ensemble de patchs graphiques, alphabétiques ou numériques, correspondant à des symboles identitaires, philosophiques ou sociaux cousus directement sur le blouson, ou sur un gilet.



Ce dernier, également appelé battle jacket, battle vest, cut off (milieu musical), ou kutte (version Allemande), est porté sur la veste ou le blouson, parfois directement sur le torse. Plus rarement, les couleurs peuvent faire l’objet d’un tatouage.

Parfois, des motards indépendants de tout club ou association portent un blouson ou un gilet bardé de patchs.



En général, ces patchs correspondent aux lieux, aux régions, aux pays parcourus en moto ou aux concentrations fréquentées.



On ne peut affirmer que ces ornements soient des couleurs, leur vocation est plutôt esthétique ou de témoigner de l’activité kilométrique ou participative de leur propriétaire.

Que les patchs forment des couleurs ou non, ils peuvent être source de conflit. Notamment lorsqu’ils reproduisent des symboles que se sont déjà appropriés des clubs originaires d’outre-Atlantique (Hells Angels, Bandidos, etc.) et historiquement liés depuis leur création à des pratiques « border line », voire illégales. Les membres de ces clubs n’obéissant qu’à leurs propres codes peuvent générer pour le motard non initié des désagréments consistant au retrait immédiat et par la contrainte des couleurs contestées, ou éventuellement un épisode plus violent lorsque les esprits s’échauffent.

On dit généralement que les couleurs sur un patch unique sont celles des clubs de motards respectueux des lois.

Les couleurs composées de plusieurs patchs appartiendraient aux clubs qui, à partir du milieu des années 1920, ont rejeté en bloc le diktat de l’A.M.A, imposant ses règles aux clubs motocyclistes américains, sous contrôle des fabricants de motos.

Cette théorie ne se vérifie pas forcément, du moins dans notre Gaule d’aujourd’hui (et celle de tous les jours d'ailleurs) compte tenu de l’important nombre de clubs au comportement irréprochable dont les couleurs comportent plusieurs patchs.

Pour les couleurs composées de 2 ou 3 patches, les parties haute et basse sont courbées et répondent à un code précis :


- le top rocker, en partie haute, est affecté au nom du club ;

- l’emblème ou le logo du club, est implanté au centre ; 

- le bottom rocker, en partie basse, mentionne la localisation du club ou son territoire.


La forme incurvée des rockers reprend celle des culbuteurs d’un moteur.

Des patchs complémentaires sont parfois visibles sur le gilet.


Le plus connu d’entre eux est le patch 1%, qui apparaît à l’issue des évènements d’Hollister, en 1947, (voir post « Biker & Clubs).


A l’issue de cet épisode, l’A.M.A aurait déclaré que 99% de ses membres respectaient la loi et seulement 1% était hors la loi. Les clubs qui font scission avec l’A.M.A, vont alors adopter ce patch. Aujourd’hui, il est même interdit dans certains états américains. De même, certains gérants d’établissement voulant éviter des épisodes de violence interdisent aussi le port des couleurs (no weapons, no colors).

Pour les clubs qui évoluent de façon très hiérarchisée, les couleurs déterminent le rang occupé par leur porteur au sein da la collectivité.


Ainsi, les prospects (postulants) portent uniquement le « top rocker » et un patch indiquant l’implantation de leur chapitre. Après évaluation concluante, ils peuvent ajouter le logo et devenir ainsi un Patch Holder ou Full Patch.


A l’image d’un uniforme en temps de guerre, les couleurs permettent aussi de se situer dans un environnement « amis » ou « hostile ». Notamment, pour les bikers de clubs rivaux qui peuvent s’opposer violemment pour des questions hégémoniques.


En 2015, la fusillade de Waco fait neuf morts, tous membres des Bandidos ou des Cossacks et la police procèdera à 192 arrestations.

A contrario, des patchs témoignent une adhésion totale à la loi.


Par opposition au patch « 1 % », un patch « 99 % » ou « Citizen » positionne son porteur du bon côté de la loi.


Aux Etats-Unis, cette mouvance est dite : « Law enforcement motorcycle club ».


Les couleurs bleue et blanche sont alors privilégiées par opposition aux couleurs noire, rouge, jaune, souvent utilisées par les clubs 1%.

Au delà de ce que signifie les différentes couleurs ou patchs, j’aime particulièrement l’aspect esthétique de certains d’entre eux.


Il n’en demeure pas moins que le choix des couleurs et des patchs doit toujours tenir compte des règles (non écrites) du milieu des bikers, plus particulièrement celles des clubs très implantés, très impliqués dans cette culture.


Votre cuir vous en remerciera !

Abréviations - Sigles

 

Quelques abréviations ou sigles peuvent avoir plusieurs significations dépendant du groupe qui les a adoptées. Cette liste n’est pas exhaustive.


  • 13 : 13ème lettre de l'alphabet, « M » pour marijuana.
  • 22 : biker ayant fait de la prison
  • 81 : 8ème et 1ère lettre de l'alphabet, H et A, pour Hells Angels ou club support
  • 666 : symbolise Satan et désigne le groupe d’exécutants des missions musclées chez les Hells
  • ACAB : All Cops Are Bastards (tous les flics sont des salauds)
  • AOA : American Outlaws Association (patch triangulaire avec un doigt d'honneur)
  • A&R : Amitié et Respect
  • As de Pique : son porteur aurait commis un homicide pour son club
  • BACA : Bikers Against Child Abuse (défense de la cause des enfants abusés)
  • BFFB : Bandidos Forever Forever Bandidos
  • CCC : Custom Chopper Club (toutes marques)
  • DFFL : Dope Forever Forever Loaded (drogue toujours, toujours défoncé)
  • Eight Ball : boule de billard n° 8, boule gagnante ou de la chance. Mais une autre version est fondée sur la phonétique car la prononciation de "eight" est proche de celle de "Hate", dans le sens de "détester les personnes de couleur". Une autre connotation à caractère sexuel existe également
  • FTW : Fuck The World, ou For The World (motards US chrétiens), ou encore Forever Two Wheels (deux Roues pour toujours)
  • ITCOB : I Took Care Of Business (j'ai réglé l'affaire) en général c'est le meurtre d'un membre d'un gang rival
  • L&R : Loyalty and Respect (fidélité et respect)
  • MC : Motorcycle Club (statuts déposés en préfecture – ou – club reconnu par les autres MC ou par les clubs 1%)
  • MCP : Moto Club Pirate (sans statuts déposés ou non déclaré)
  • MF : Motorcycle Family ou association de plusieurs clubs 1%
  • NO MERCY : (Pas de Pitié), signifie que le porteur fera tout pour ne pas se faire arrêter. Lors du siège de Fort Alamo, les troupes du général Santa Anna chantaient un air populaire mexicain : No Mercy.
  • OBAB : Once Bandidos Always Bandidos
  • OFFO : Outlaws Forever Forever Outlaws
  • SS : initiales de Georges Smith et Stanley-Stankos, fabricants américains de pièces moteurs pour HARLEY, créateurs de SS Cycle Equipment, sans rapport avec le sigle nazi (sigle modifié pour éviter toute confusion)
  • SUPPORT : lorsqu'un club se dit ouvertement support d'un MC 1%
  • Property of : tatouage ou patch porté par la compagne de longue date d’un membre de club sans en porter les couleurs
  • WINGS (ailes) : elles illustrent l’idée d’hégémonie de la race blanche, mais peuvent avoir également une très forte connotation sexuelle
  • WNATO : White Native Americans Only (blancs natifs d’Amérique seulement) dans certains clubs 1%.

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