Le Portugal du Nord au Sud par la Route Nationale 2

C'est pas la route 66.. mais c'est très bien quand même ! 

Partie 1 ----------------------------------------- Au Nord du Portugal ---------------------------------------------

Rendez-vous est pris depuis longtemps en ce début de mois d'août afin de passer quelques jours dans le Nord du Portugal, puis parcourir la Route Nationale 2 (RN2).


C’est Chris (Chiquito pour les intimes), portugais francilien, grand amateur de riz aux poulpes, mais aussi de pantalons multicolores et sa compagne Adélaïde (Adé), qui organisent ce périple.

José et Luis, autres franciliens, célibataires en la circonstance, complètent l’escouade portugaise.


Chris et José roulent sur le scooter de 1800 cc, fabriqué chez monsieur Soichiro Honda, alors que Luis fait la route sur une 1800 Electra Glide CVO, de chez Davidson et Harley.

Deux couples de fiers bretons, élevés à la galette de sarrasin et au beurre salé se joignent à nous.


Olivier et Véro, tout comme André et Claudine, roulent sur Victory (la classe), dont une Vision qui totalise plus de 160 000 km (la fiabilité). L’occasion pour nous de constater que les coiffes traditionnelles bretonnes se portent avec autant d’élégance que le casque.


L’occasion également de vérifier si le breton, vivant habituellement dans les embruns iodés, sous des températures contenues, résiste au climat du Portugal continental, dont parfois les températures dépassent allègrement les 40 degrés.


Alors ! Nos bretons avec ou sans leurs coiffes traditionnelles iront-ils plus loin dans la chaleur portugaise, qu’un pingouin lâché dans la savane africaine avec une casquette ?

Avant de commencer notre périple, les différents participants aux origines géographiques éparses (Ile-de-France - Bretagne - Rhône-Alpes) doivent se réunir afin de rouler ensemble vers la terre promise.


C'est à Bordeaux que nous nous retrouvons pour donner corps à l'expédition. Après un petit bisou et un déjeuner frugal, nous reprenons la route en direction de Burgos, terme de notre première étape de liaison.


Une nuit salvatrice nous permet de récupérer des 1000 km parcourus dans la journée avant de repartir le lendemain matin.

Le franchissement des Pyrénnées est toujours délicat en raison de l'incertitude du temps.


La porosité des combinaisons de pluie, combinée avec des selles moelleuses faisant office de cuvette de rétention pour l'eau de pluie, incite notre guide local à se vêtir d'un sac poubelle. 


Outre l'efficacité de la manoeuvre contribuant à la préservation de la vitalité portugaise, notre cher Christophe vient de s'ouvrir les portes de la mode et du mannequinat.


Le sait-il vraiment ?

Le deuxième jour est encore un jour de liaison. Nous finissons de traverser la Galice et ses paysages brûlés par le soleil pour enfin entrer au Portugal.


Officiellement né du traité de Zamore (1143), après avoir bouté les maures hors de ses frontières, le Portugal partage avec l'Espagne une histoire tumultueuse, teintée de foi chrétienne. Il s'agit donc d'un pays chargé d'histoire que l'on peut découvrir par le biais de ses innonbrables édifices religieux et de ses fortifications.


N'oublions pas qu'il s'agit aussi d'un pays de navigateurs formés à l'école de Sagres. Grâce à eux, le Portugal colonise entre 1415 et 1488 : Ceuta (Maroc), Madère, les Açores, le Cap-Vert, le Brésil, le Sénégal, la Guinée, la Gambie, la Sierra Leone, le Gabon, le São Tomé, le Congo, l’Angola, l’Afrique du Sud, le Cap de Bonne-Espérance, etc. 

Et au Portugal tout commence autour d'une table ombragée en présence de riders aussi affâmés qu'assoiffés. 


Une fois la traduction de la carte des menus faîte, nos estomacs débutent une longue période de travail intensif qui va durer, pour certains d'entre nous, au moins deux semaines. 


Nous réinventons le concept du "Café Racer" (voir Café Racer) consistant à faire la course en moto entre deux cafés.

Nous apportons à ce concept une touche plus en adéquation avec notre philosophie de la moto, notre envie de profiter pleinement de nos vacances et de découvrir la gastronomie locale.


Ce concept devient alors "restaurant without racer".


Nous sommes des pionniers ! 

Notre point de chute de ce deuxième jour est la cité médiévale de Ponte de Lima.


Cette ville du district de Viana do Castelo, parmi les plus anciennes du pays, avec son pont de l'an 1 construit par les romains, s'illumine de mille feux le soir venu, dans la fraicheur que diffuse le Lima.


Au pied des murs de la citadelle, à la terrasse d'un petit restaurant, nous apprécions les spécialités locales, parmi lesquelles le riz aux fruits de mer et à la lotte à ma préférence.


Par la suite, une petite promenade digestive n'est pas de trop, histoire d'aider un peu notre organisme à assimiler tout ce que nous avons englouti. Certains commencent déjà à avoir des problèmes de vue. Le diabète peut-être ???

Ponte de Lima n'est pas sur le trajet le plus direct permettant de rallier la RN2, mais nous y avons élu domicile quelques jours afin d'assister au mariage de Soraïa et Marcio, le fils d'Adélaïde. 

Nos âges avancés nous prédisposant davantage aux cérémonies mortuaires qu'aux mariages, nous ne boudons pas ce pur moment de bonheur.


En ce troisième jour, à Fiães, nous avons donc revêtu une chemise du dimanche et un jean qui ne sentent pas le cambouis pour valoriser nos corps d'athlètes patiemment façonnés par le Martini-bière. Nos dames se sont parées de belles robes qu'elles avaient roulées en boule dans les coffres des motos et nous voilà beaux comme des camions de pompiers pour assister à la cérémonie.


Quelques temps après, nous avons la larme à l'oeil au moment de l'échange des alliances, nous sommes au bord du divorce lorsque nous regardons d'un oeil lubrique les belles de la soirée et nous redoutons la cirrhose du foie dès le vin d'honneur.

Le lendemain est un jour de récupération et de visite. En ce 4ème jour, notre destination est le village fortifié de Sistelo, dans le Parc National de Peneda-Gerês.


Appelé le "petit Tibet portugais", ce village compte en son enceinte un restaurant très prisé des locaux, un château et une église.

Les paysages aux alentours, dits en terrasses, sont uniques au Portugal. Ils peuvent être admirés à partir d'un belvédère et sont classés parmi les 7 merveilles du Portugal.


L'ensemble fait la renommée de Sistelo, tout comme les séchoirs à maïs que l'on pourrait prendre pour des tombeaux en raison de la croix qui orne la façade comportant l'ouverture.    

Sistelo se mérite sous 44° celsius et nos bretons tiennent le coup. Mais ne tentons pas le diable ! Nous décidons après déjeuner et visite de retrouver la fraîcheur à Arcos de Valdevez, d'où est native Adélaïde


Durant la descente, nous rencontrons quelques autochtones à cornes, montés sur 4 pattes, qui inspirent respect, tout autant que frayeur. Sur un filet de gaz, nous tentons de ne pas effrayer la bête qui semble pourtant très sociable. C'est à ce moment précis que je regrette tout le fric dépensé dans ma ligne d'échappement pour optimiser sa sonorité.


Une fois proche de notre destination, nous déposons nos chères et tendres compagnes sur le bord de la route.

Pas de méprise ! Elles ont simplement décidé de terminer la liaison par une balade "pédibus jambus" ("pedibus cum jambis" pour les puristes) dans le maquis local, afin de se faire pardonner leur péché de gourmandise.


Nous ne les dissuadons pas, l'occasion est trop belle d'aller prendre une bonne bière, nous nous arrangerons plus tard avec la bible et les péchés capitaux. Nous allons donc les attendre, confortablement installés certes, mais anxieux malgré tout.. Nous n'aimerions pas dîner à point d'heure !

La fin de journée et la soirée, festives et animées, sont partagées entre le marché d'été, le repas et les animations locales en costumes traditionnels.



Après-dîner, Véro négocie avec son estomac une compensation locale à l'absence de profiteroles.


Un churros (pâte à beignet frite dans la bonne huile de palme et noyée dans le Nutella) est donc sacrifié sur l'autel de la gourmandise.


Le cri du churros agonisant est horrible. Heureusement le supplice est de courte durée.

Le lendemain matin, c'est à dire le jour 5, dispo. mais pas frais, nous partons pour Chaves, point zéro de la RN2.

Nous pensons qu'il s'agit d'une formalité, mais c'est sans compter sur la petite surprise que nous a préparée José, francilien de la Dream Team franco-portugaise. 

Nous transitons par le barrage de Venda Nova, au coeur de la province du Minho, mis en fonctionnement en 1951 et alimenté par la rivière Rabagão.


Les raccourcis que notre capitaine de route emprunte sont à faire fondre un embrayage tellement la route est étroite, la déclivité prononcée, les virages serrés et sans visibilité.


Les gouttes de sueur perlent sur nos visages, les motos en duo et chargées ne sont pas loin de la demi-tonne. Mais pas de chute, l'honneur est sauf !

Nous nous remettons de nos émotions quelques minutes plus tard à São Bento da Porta Aberta, dont le sanctuaire d'obédience bénédictine se classe juste derrière celui de Fatima en termes d'affluence, avant de reprendre la route.

A Montalègre, José embrasse sa terre natale dès notre arrivée lors de moult génuflexions.

L'épisode du retour aux sources terminé, il nous guide jusqu'au restaurant dans lequel nous devons déjeuner.. et boire.

Nous y faisons la connaissance de sa famille.


Le repas que nous engloutissons est gargantuesque. 


Au moment de payer l'addition, nous découvrons que cette dernière est déjà réglée par les parents de José, qui nous donnent rendez-vous en fin d'après chez eux pour un "goûter".

Plutôt gênés (nous ne sommes que 10), nous remercions grandement ses parents et prenons la direction du sommet de la Serra do Larouco, un point de vue à ne pas manquer. 

Située au Nord-Est de Montalegre, elle est la deuxième plus haute montagne du Portugal continental (1527 m) derrière la Serra de Estrela, mais aussi le paradis des randonneurs.


Alors forcément pour monter ou descendre, il y a des virages. Je le sais, parce que c'est au moment où l'on caresse délicatement le bitume avec les repose-pieds que le raclement mélodieux qui en résulte fait hurler ma femme dans le micro de l'intercom.


Bref, au sommet, je suis peut-être sourd, mais je ne suis pas aveugle. Alors, je peux observer les vallées de Lima, Tâmega, Cávado et Rabagão, ainsi que différents villages dont Montalegre.


Il est temps de redescendre car nous sommes attendus pour "goûter" et il serait fort impoli d'arriver en retard.

Jusqu'ici, j'avais une idée assez précise de la composition d'un goûter, ou bien de ce que l'on nomme communément le "quatre-heures", ou encore, plus pince-fesses, le "tea-time".



Je soupçonnais même que selon les cultures ou les régions quelques variantes pouvaient être apportées.

Mais au portugal, mes certitudes sont ébranlées !



Dans une famille d'agriculteurs, pas de place pour les douceurs sucrées prisées par les cols blancs. Il faut du solide, du lourd, du calorique.



Du costaud, certes, mais du bon !

Les parents de José sont à la manoeuvre pour nous faire goûter les produits, non pas locaux, mais de la ferme.



Et nous voilà repartis pour de longues négociations avec nos estomacs, notre foie, nos ceintures, nos boutonnières de pantalons, la pression de nos pneus..



Olivier, quant à lui est devenu philosophe. Depuis le début de notre périple, il ne grossit pas. Il se contente d'augmenter sa surface de caresses.



Elle va avoir du boulot Véro !

Pour ma part, je lie amitié avec un gentil quadrupède, avec lequel je partage beaucoup de choses.


Je le caresse derrière les oreilles et je vois ses yeux pleins d'amour et de reconnaissance qui me supplient de continuer (il a beaucoup aimé). Nous nous quittons à regret en espérant nous revoir bientôt.



Pendant cet épisode de réelle tendresse, Luis s'affère sur sa mobylette. Nous avions presque oublié qu'il roulait sur une Harley.

Il aura mal aux genoux toute la soirée le pauvre.   

Nous quittons les parents de José en les remerciant chaleureusement.


Des personnes simples, accueillantes, affables, généreuses, des parents que l'on souhaite à tout le monde. 

Direction Chaves, dans le district montagneux de Vila Réal.

Fondée par les romains qui apprécient ses eaux thermales, aujourd'hui exploitées à des fins thérapeutiques, Chaves est aussi, du fait de sa situation géographique, une ville fortifiée clé (d'où Chaves : clé en portugais) lors des différentes guerres contre les espagnols. 

Nos quartiers pris, nous sortons pour une petite visite du centre historique et surtout pour nous rendre au niveau du point kilométrique 0 de la RN2 qui est matérialisé par une borne.

A proximité immédiate de cette borne se trouve le café éponyme que nous visitons également.. Parfois le hasard fait bien les choses !

Nous avons la ferme intention de faire disette toute la soirée compte tenu de l'accumulation des calories depuis le matin. Pari presque gagné, puisque nous ne mangeons qu'une petite glace afin de favoriser la digestion. Le "Banana Split" est à tomber..



D'ailleurs le plus gros danger durant ce périple sera la gastronomie locale, avec poissons, crustacés et coquillages sur les bords de l'Atlantique et viandes de cochon et de boeuf en partie centrale de la RN2.


Ne voyez rien de péjoratifs dans ces propos, bien au contraire ! Tout est bon et en quantité.

Je préviens mes coreligionnaires à tête chauve qu'une demi-part suffit amplement à nourrir plus que correctement son sujet et qu'une part complète relève du suicide par overdose de bonne bouffe. 


Le steak est servi systématiquement avec du riz, des frites et un oeuf, le cochon se mange de mille façons, le poulpe et les crustacés sont mariés avec le riz ou des pommes de terre, mais jamais deux fois de la même façon.

N'oublions pas le gâteau portugais, le Pasteis de Nata, qui se déguste aussi bien au petit déjeuner qu'au dessert..


L'incrédulité se lit sur les visages à chaque plat déposé sur le table !

Bref , même si vous n'aimez pas la moto, vous avez déjà une bonne raison pour venir au Portugal..

Mais comme nous aimons la moto, le lendemain, après quelques difficultés pour trouver le point de fermeture de nos ceintures de pantalon caché par un abdominal de plus en plus proéminent, nous voilà de nouveau réunis près de la borne kilométrique 0 de la RN2.


Une petite photo s'impose pour marquer le coup et nous voilà partis pour notre périple RN2 en direction de Carvalhal, terme de notre première étape. 

Yfor  2023-09


Merci à Claudine pour ses photos, elle figure dorénavant parmi les contributeurs de MesAmisCustom

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Nom : Luís
Message : Super sympa. 🤓 caralho

21/09/2023


Réponse MAC : Merci Luis, as-tu progressé en natation synchronisée ?