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Le Portugal du Nord au Sud par la Route Nationale 2
C'est pas la route 66.. mais c'est très bien quand même !
Partie 2 ------------------------------------ La Route Nationale 2 ---------------------------------------------
Elle s'étend de Chaves, dans le nord, près de la frontière espagnole, jusqu’à Faro implantée à la pointe Sud de l'Algarve, au bord de l’océan Atlantique.
Onze districts sont traversés par la plus longue route portugaise (738 kilomètres) qui est l’épine dorsale du réseau routier Portugais.
Elle ne dessert ni Porto, ni Nazaré, ni Fatima, pas plus que Lisbonne ou encore le sommet de la Serra da Estrela, les traditionnels sites touristiques portugais (voir La Province du Minho et La Serra da Estrela) qui, reconnaissons-le, méritent aussi le détour.
Elle sillonne l'arrière pays, moins fréquenté, mais plus authentique. Elle est le terrain de jeu privilégié des motards, mais aussi des cyclistes et des touristes nomades. Ceci, en raison de son tracé, des paysages vallonnés qu'elle traverse et des différents sites historiques ou religieux qu'elle dessert.
Au fil du temps, elle est devenue un atout commercial pour le Portugal, ce qui explique la création du passeport touristique "Estrada Nacional 2".
Trente cinq villes constituant des points de passage y sont répertoriées.
Cependant, certaines d'entre elles ne sont pas situées sur le tracé de la RN 2.
Nous évitons donc volontairement ces détours commerciaux afin de privilégier les villes implantées en bordure de la RN2.
Notre guide nous procure le fameux passeport, que l’on peut percevoir soit à l’office du tourisme, soit à la mairie de Chaves, ou encore dans un commerce estampillé RN2.
Il est le fil conducteur et le témoin de notre progression sur la RN2.
L'apposition du tampon, à chaque étape, est réalisée dans une boutique, un bar, un office touristique, mais aussi dans les casernes de pompiers, les commissariats ou encore les mairies.
Tout commence donc à Chaves (voir partie 1), dans le district montagneux de Vila Réal. Nous sommes réunis de bon matin autour de la fameuse borne 0 de la RN2 afin d'immortaliser notre départ.
La photo prise, nous nous mettons en route en direction de Carvalhal, terme de notre première journée.
La partie Nord de la RN2 permet de découvrir la région vinicole du Haut-Douro, avec ses magnifiques paysages inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour la petite histoire, si les vins de Porto sont aujourd'hui mondialement connus, c'est grâce aux anglais.
En rétorsion aux taxes infligées par Colbert sur leurs exportations, ces derniers ont arrêté d'acheter les vins français.
Ils se sont alors tournés vers la vallée du Douro, développant ainsi les infrastructures de stockage et d'acheminement des vins de la vallée jusqu'à Porto, puis vers l'Angleterre.
Aujourd'hui encore, la majorité des caves de Porto ont des noms à consonance anglaise.
Après quelques kilomètres sur une route plaisante et sous une chaleur encore acceptable, notre première halte a lieu à Vila Pouca de Aguiar et au Parc de Pedras Salgadas avec ses sources chaudes utilisées autrefois pour soigner les maladies digestives.
On y trouve aussi un casino installé dans une magnifique bâtisse comportant salles de bal et de jeux d’argent.
Aujourd'hui, même si la ville n'est plus aussi touristique qu'elle le fût, les eaux "Pedras Salgadas" sont à peu près dans tous les débits de boisson du Portugal.
Notre second arrêt a lieu à Vila Real. Assez rare pour être signalé, cette ville ne présente pas un grand intérêt touristique. Nous dirons que c'est l'exception qui confirme la règle.
En contrepartie, la route permettant d'y accéder est toujours aussi belle !
Plus loin, Santa Marta de Penaguião est accrochée à la chaîne de montagnes du Marão, dans une géographie de moyennes montages et de vallées profondes. Des hauteurs, ont peut admirer les paysages façonnés, dès le 18è siècle par l'implantation et la culture d'une vigne étagée couvrant les coteaux de part et d'autre de la vallée.
A Lamego, il faut absolument aller voir le sanctuaire de Notre-Dame-des-Remèdes au sommet du Mont Santo Estevão. Dans son jardin règne un châtaignier de plus de 700 ans.
Ce sanctuaire est l'objet de l'un des principaux pèlerinages du Portugal au mois de septembre.
Castro Daire : L'église Castro Valley, la place des poissons au centre de la ville, les parcs et jardins et surtout le belvédère méritent le déplacement. Nous nous contentons cependant de faire une "halte - passeport".
Nous passons la nuit à Carvalhal, dans un complexe avec piscine et spa, non loin des termes. Nous logeons, en compagnie des équipes techniques et des hôtesses de la caravane du tour cycliste du Portugal qui débute le lendemain. Il faudra donc se lever aux aurores afin d'éviter tout problème de circulation.
A l'accueil, nous perdons José qui se met à gesticuler de façon incontrôlée. Un coup de chaleur peut-être ? A moins que ce ne soient les hôtesses du tour du Portugal ?
Pour faire descendre la température, José et son binôme, nous gratifient d'une démonstration de natation synchronisée.
Le bonnet de bain leur sied à merveille et nos deux bébés chauves donnent de leur personne. Mais force est de constater qu'en matière de coordination et de grace tout reste à faire, même avec les gambettes épilées. Gardons confiance !
Et comme chaque soir, nous refaisons le monde après un Martini - Bière, derrière une assiette bien garnie.
Le lendemain nous rallions Viseu, par une route dépaysante dans tous les sens du terme, mais toujours aussi agréable.
Viseu prend son essor sous la domination romaine avec notamment la construction d'une fortificaton octogonale (Cava de Viriato), puis elle subit l'influence Wisigoth et arabe.
Une muraille défensive est édifiée tout autour de la ville à la fin du 14è siècle pour se protéger des attaques castillanes (1383 à 1396). Deux de ses portes sont encore présentes (Porta dos Cavaleiros - Porta do Soar).
Le duché de Viseu, créé en 1415, a pour 1er duc Henri le navigateur, promu en récompense de la conquête de Ceuta. C'est le plus ancien duché du Portugal avec celui de Coimbra.
La cathédrale (12è siècle) et le musée Grão Vasco (1916) sont les fleurons de cette ville ancienne appartenant initialement au peuple Lusitanien.
La cathédrale a subi plusieurs transformations du 13è au 17è siècle, ce qui explique les influences multiples de son architecture et de sa décoration (roman, gothique et baroque).
Mitoyen avec la cathédrale, le Musée National de Grão Vasco expose le peintre portugais Vasco Fernandes qui a vécu à Viseu au 16è siècle, connu sous le nom Grão Vasco.
Il n'est pas le seul artiste exposé puisque on y trouve également des oeuvres de Columbano Bordalo Pinheiro, José Malhoa, Alfredo Keil, Soares dos Reis, Silva Porto, António Ramalho, ou Sousa Lopes.
En face, se trouve l’église de la Miséricorde (16è siècle), aujourd'hui de style baroque.
Dans la partie centrale de la RN2, en direction des localités de Tondela, Santa Comba Dão, Lousã et Sertã, si la vigne est encore présente, l'élevage s'ajoute aux activités de terroir.
Nous traversons de paisibles localités et des havres de fraîcheur qui servent également de plages intérieures pour les locaux.
Nous ne faisons qu'un court passage, le temps de faire apposer le tampon sur nos passeports, à :
- Tondela qui est une ville assez industrialisée, mais aussi une ville de bien - être avec des termes et bien sûr du vin, en l'occurence le Dão ;
- Santa Comba Dão, la ville de naissance du dictateur Portugais Antonio Salazar, qui est traversée par le Dão.
Lorsque nous arrivons à Penacova, dans le district de Coimbra, le soleil est déjà haut, tout comme la température extérieure. Une pause s'impose comme on dit !
Un petit parc public ombragé est le bienvenu, le temps de s'occuper de nos passeports et pour Claudine et André de trouver un moyen de locomotion de substitution.
Pour ne rien gâcher, le site surplombe le fleuve Mondego et la vallée propose une vue sans fin sur de très beaux paysages.
Quelques temps après, nous sommes au frais, à la terrase d'un restaurant situé au bord d'un bras du Mondégo.
Le Martini - Bière précède le repas et jusqu'au café nous ne manquons pas d'augmenter notre surface de caresses comme dirait Olivier.
Mais le temps presse nous ne sommes pas encore arrivés à notre destination du jour. Nous prenons donc la direction de Vila Nova de Poiares.
Nous faisons tamponner nos passeports successivement à Vila Nova de Poiares, puis Góis (la concentration motocycliste y est prévue le weekend suivant) et Lousã dont l'activité économique est intimement liée au schiste, à la gastronomie et aux spiritueux.
Après un passage à Pedrógão Grande, où Claudine est au bout de sa vie en raison de la chaleur, nous gagnons notre lieu de villégiature Pedrógão Pequeno, non loin du barrage de Cabril.
C'est l'hôtel Montanha, sur le mont "Senhora Da Confiança", que notre guide à choisi pour notre confort.
Sa situation dominante nous permet de voir en contrebas le barrage de Cabril sur la commune de Sertã.
Aménagé en 1950 sur la rivière Zêzere, qui fait office de frontière naturelle entre les districts de Castelo Branco et de Leiria.
L'installation terminée, nous profitons de la piscine de l'hôtel pour nous rafraîchir. Le temps de dissuader Luis de nous refaire une démonstration de natation synchronisée, de déconseiller à Christophe de se lancer dans le Pole-Dance et d'expliquer à José qu'on ne gratte pas son intimité pelvienne en public même si l'on en est fier et nous voilà allongés sur des bains de soleil pour un moment de farniente bien mérité.
Le petit matin dévoile un paysage paisible au-dessus des nuages, générés par la présence d'une masse d'eau importante (vallée de la Zêzere), montant dans un calme profond.
Mais pas le temps de s'attarder, il faut reprendre la route.
Nous transitons par Sertã, puis nous arrivons à Vila de Rei, centre géodésique du Portugal.
Ce point précis est matérialisé par un pilori en bois, le Picoto da Melriça, érigé dans la serra da Melriça.
Cet endroit présente également l'avantage de bénéficier d'une vue magnifique sur la région.
Nous prenons la direction d'Abrantès.
Abrantès est située au Nord du Taje. L'histoire nous dit que son château (12è siècle) fait partie d'un ensemble de fortifications édifié le long du Taje dédié à la préservation du Nord du pays.
Le Maréchal Junot qui s'en empare en 1807 est nommé Duc d'Abrantès par Napoléon 1er en récompense.
Depuis le château (mais aussi depuis le petit bar juste en dessous), on peut admirer un panorama sans fin donnant sur les régions de la Beira Baixa, de l’Alentejo et du Ribatejo.
Une centaine de kilomètres plus loin, en aval du barrage de Montargil, nos passeports sont tamponnés à Ponte de Sor.
Nous arrivons dans la province de l’Alentejo, la partie Sud de la RN2.
L’Alentejo n'est pas seulement une région d'immenses plaines. Elle est aussi réputée pour ses chants polyphoniques et la fabrication de sonnailles diverses et variées.
L'eucaliptus dont les efluves parfument la route est concurrencé par le chêne-liège qui est un fleuron de l'économie régionale, avec l'olivier. Il existe même un observatoire du chêne-liège et du liège à Coruche.
A Montemor-O-Novo, les monuments mégalithiques sont répartis sur l’ensemble de la commune, mais ce sont surtout les vestiges de la citadelle qui méritent un petit coup d'oeil. Intégrée dans la ligne défensive contre la Castille pendant la guerre de Restauration et contre les invasions françaises en 1808, la citadelle est l'enceinte de la ville originelle, accessible par les Portes da Vila et Santarém.
A l'intérieur ont peut encore y voir, éparpillés dans l'enceinte historique les armoiries manuélines de Casa da Guarda, les tours et l’horloge, le couvent de Nossa Senhora da Saudação, ainsi que les églises de São João Batista et Santiago, ou encore les ruines de l’église de Santa Maria do Bispo. Mais surtout, on profite de la vue.
Nous transitons ensuite par :
- Viana do Alentejo, son château médiéval de style gothique, son église paroissiale d'une blancheur immaculée construite à l'intérieur de l'enceinte du château au 16è siècle et le sanctuaire Notre dame d'Aires où l'on vénère Notre Dame de Piedade ;
- Castro Verde cernée par les étendues à perte de vue de cultures céréalières ;
- Almodôvar, petit village médiéval, autrefois sous l'égide de l'ordre religieux militaire de Santiago.
A Ameixial, lors de notre dernière pause fraîcheur avant Cortelha, Véro nous fait une petite crise de jeunisme.
Elle se lance dans une marelle endiablée, avant de chercher des sensations fortes sur la balançoire.
Il fait chaud, trop chaud peut-être !
Arrivés à Cortelha, nous sommes presque au terme de notre périple.
Une trentaine de kilomètres nous sépare de Faro, mais compte tenu de la distance parcourue ce jour et de la chaleur, nous préférons retirer les vêtements de motos dans lesquels nous macérons depuis le matin et aller faire quelques brasses dans la piscine de l'hôtel.
A la Casa de Campo Cantinho da Serra, le restaurant et la piscine feront l'affaire pour la fin de journée et la soirée.
Le lendemain, il reste deux étapes avant de rallier Faro :
Loulé, ses grottes, son château, ses églises, son monastère et son histoire, dans laquelle on a trouvé des vestiges du paléolithique et du Néolithique.
L'exploitation minière l'a peuplée, les romains l'ont développée, les maures l'ont occupée.
São Brás de Alportel, avec une histoire à peu de choses près identique à celle de Loulé, hormis l'activité commerciale centrée sur l'exploitation du liège qui fît autrefois de la ville le plus grand producteur de liège du Portugal.
Le musée du costume de l’Algarve est installé dans le centre historique qui concentre également les différents édifices religieux.
Faro nous voilà ! Bretons, Portugais franciliens, Saint-Cyriens du Rhône, nous sommes tous là !
Nous avons réussi l'exploit de ne pas nous faire charger par une bête à cornes, de résister à la chaleur atteignant parfois 44° et survécu à la gastronomie locale (tout est bon et copieux, j'ai mangé comme un goret).
Et lorsque un rider qui se respecte arrive à Faro, le foie hypertrophié, encore un petit peu de sang dans la Bière-Martini qui coule dans ses veines et un bedon recouvrant la ceinture de son pantalon, il ne va pas à la plage.
Il se rend dans une institution locale, le moto-club de Faro, pour faire apposer le dernier tampon de son périple sur son passeport RN2.
Les locaux et alentours sont vastes et très bien décorés.
A l'intérieur, une boutique très bien achalandée ravit les touristes et un bar permet de patienter tranquillement pendant que ces dames font chauffer la carte bleue.
A l'extérieur, des sculptures de bois et de métal côtoient des engins d'un autre temps et donnent aux lieux une apparence de musée.
L'ensemble est superbe !
En conclusion
Nous avons parcouru la RN2 en 4 jours, ce qui à mon avis est largement suffisant pour faire 738 ou 739 km (il y a une petite imprécision sur le sujet), mais ne laisse pas le temps de visiter tous les points culturels ou cultuels que recèle le Portugal. Passer deux ou trois jours au même endroit serait la solution idéale pour visiter, mais aussi se reposer sans refaire ses bagages quotidiennement.
La route est très sinueuse au début et à la fin de la RN2 et très roulante dans sa partie centrale. Le revêtement, un peu dégradé, est propre. Ce qui fait qu'il n'est jamais piégeux !
Quelques surprises parfois avec les animaux errants et je ne parle pas de chats ou de chiens, mais un peu à l'instar de la Corse, de bêtes à cornes.
Notre guide avait pris la précaution de réserver des hôtels avec une piscine et il a bien fait ! Plus de 40 degrés la majorité des après-midi ne font pas un luxe de cette option.
Sur la RN2, vous traversez l'histoire du Portugal, dans des senteurs d'eucalyptus, à travers des paysages de folies façonnés par la viticulture, l'élevage, l'exploitation des oliviers et des chênes.
A faire absolument !
NDLR : le breton, casqué ou avec sa coiffe traditionnelle, va plus loin dans la chaleur du Portugal qu'un pingouin dans la savane africaine, même avec une casquette. Normal ! Il n'oublie jamais de s'hydrater..
Yfor 2023 - 09